A propos
Commissaire d’exposition: Balthazar Lovay
En 2020, la Biennale présente une trentaine de projets d’artistes, dont de nombreux produits expressément pour l’exposition.
Pour sa deuxième édition, la Biennale défriche de nouveaux territoires. Elle fait honneur à des productions originales et inédites, des créations de jeunes artistes ainsi qu’à des œuvres hybrides entre design, architecture et art. Fontaines, bancs, constructions architecturales, drapeaux et mobiles, œuvres conceptuelles, politiques, participatives, elles dessinent les contours de nouveaux horizons pour penser la sculpture aujourd’hui.
C’est par un rapport d’humilité envers les éléments naturels et les parcs en considérant les rapports d’échelles et de proportions que l’exposition prends forme. Ces parcs s’apprécient pour leurs vastes dimensions et la hauteur des plus anciens séquoias, mais ils regorgent tout autant d’éléments moins perceptibles à première vue, comme les subtils constituants de leurs écosystèmes ou l’invisible logistique qui assure leur fonctionnement.
Les artistes interviennent dans ce contexte avec des œuvres autant poétiques que critiques, interrogeant les conditions actuelles de ces lieux ou leur histoire passée. Leurs propositions transforment nos perceptions, révèlent des protocoles administratifs, se greffent à des éléments bâtis, travaillent en symbiose avec la nature ou même s’échappent à notre regard. De manière subjective et avec humour, les artistes éclairent les enjeux politiques lié à l’espace dit « public » et abordent des questions d’ordre sociétal : représentativité féminine, visibilité homosexuelle, intégration sociale et engagement éco-féministe.
Nouvelles productions
Andrea Branzi
(*1938, IT)
Fontana Albero, 1994-2020
Bronze, aluminium, pompe électrique
150 × 280 × 270 cm
Pionnier de l’architecture radicale italienne, designer, fondateur du collectif Archizoom Associati puis membre du groupe Memphis, Andrea Branzi expose une «fontaine arbre» qui s’inscrit dans ses expérimentations qu’il nomme «Neo Primitivisme». La série «Domestic Animals» par exemple, est un ensemble de meubles et objets qui lui permet d’explorer les relations entre nature et artifice. Son esthétique emprunte autant aux traditions de l’imitation occidentale qu’à la céramique chinoise de Yixing du 11ème siècle.
Dora Budor
(*1984, CR-US)
Seized Sun, 2020
Boîtes encastrées existantes au sol, six lampes de sécurité (actives au crépuscules)
Dimensions variables
Reminder of another sun,
if the drill goes far enough
Timothée Calame
(*1991, CH)
Mobilier/Documentaire #3, 2020
Acier inoxydable, système électrique et lumineux, plexiglas, matériaux divers
110 × 130 cm chaque élément
L’artiste genevois inscrit son travail sous le pavillon blanc, ancienne gare d’un train miniature vers 1912 et aujourd’hui refuge des usagers du parc en temps de pluie. Il y installe trois pièces conçues à partir de modèles de réfectoires tels qu’on en trouve dans les intérieurs d’institutions diverses (écoles, hôpitaux, prisons). A ces formes et matériaux, choisis pour leur robustesse ainsi que leur facilité d’entretien hygiénique, sont confondues des couleurs et des dimensions s’approchant plus de l’univers des dits loisirs. La hauteur des tables étant calquée sur le modèle standard du mange-debout de terrasse, ces dernières étant munies d’un repose-pied, on y trouvera facilement des analogies avec l’univers affectionné du bar. Dans les plateaux sont placés de petites veilleuses, munies d’un système d’éclairage solaires, ne s’activant qu’une fois la nuit tombée. Celles-ci sont décorées de figures et de mots traitant succinctement de la crise que nous traversons et plus largement, peut-être, de la façon dont nous organisons nos vies. Les tables sont pour les usagers du parc.
Morgan Courtois
(*1988, FR)
Naïve Coercion, 2020
Acier inoxidable, résine polyestère, poudre de marbre
170 × 50 × 50 cm
Les parcs et jardins sont souvent des lieux peuplés de bustes de personnages, célèbres ou oubliés. La sculpture de Morgan Courtois à l’érotisme raffiné, contenu, suggestif représente un corps contracté évoquant la chute, la tension, l’extase. Entre volupté et violence, ses chairs rappellent en creux la Morbidezza maniériste de la Renaissance dont les artistes s’appliquaient à transcrire la douceur et la souplesse de la carnation. Les chairs de la sculptures de Courtois sont tourmentées, partiellement éraflées, étirées à l’extrême de leur plasticité. La surface du matériau se confond avec celle de la peau, elles se méprennent l’une l’autre pour ne laisser que l’évocation d’un moment.
Daniel Dewar & Grégory Gicquel
(*1976, FR | *1975, FR)
Flipper, 2020
67 × 110 × 50 cm
Nudes X, 2020
130 × 225 × 72 cm
Nudes XI, 2020
123 × 90 × 194 cm
Rosa Aurora Marble
Le duo d’artistes propose une suite sculpturale en écho au parc, à sa proximité du lac et de ses usagers. Une paire de jambes, un coquillage, un robinet, une palme, un système intestinal et un bidet discutent par correspondances et fonctions. Le contenant calcaire qu’est la coquille lacustre renvoie au bidet en céramique. Le bidet répond aux besoins du corps, dont le système digestif s’apparente à celui des sanitaires. Par le mouvement de l’eau, ces éléments échouent sur une plage, transitent dans nos corps, ou font de l’homme un amphibien le temps d’un plongeon dans le lac. Ces associations à la fois légitimes et fantasques s’expriment avec un érotisme incarné. Elles se présentent comme une poésie flottante des éléments, figée par la taille directe dans le marbre rose pâle.
Ida Ekblad
(*1980, NO)
Kraken Möbel, 2020
Acier, bois, peintures à l’huile de lin
76 × 75 × 160 cm, deux éléments
76 × 75 × 80 cm, un élément
La première série de bancs réalisée par l’artiste norvégienne a été présentée lors de son exposition à la Kunsthalle de Zürich, en 2019. Ces sculptures visaient à souligner les points de vue qu’elles offraient sur des peintures monumentales accrochées aux murs. Ida Ekblad a développé une déclinaison de ces objets pour l’usage en extérieur. A la fois mobiliers et sculptures, les bancs de l’artiste nous proposent des perspectives choisies sur les parcs.
Yona Friedman
(1923-2020, FR)
Le Musée sans bâtiment, c. 2004-2020
Acier, matériaux divers
Dimensions variables
Architecte et urbaniste, Friedman a su dès les années 1950, réconcilier les grands principes sociaux et architecturaux, contribuant à valoriser le rôle de l’architecte dans la communauté. Il replace au centre le processus et les utilisateurs en accordant moins d’importance à l’objet architectural. Le Musée sans bâtiment se déploie comme une structure sans porte ni mur, une coquille ouverte à investir.
Durant tout l’été, le public est invité à s’approprier Le Musée sans bâtiment, à faire vivre librement ses espaces, à inventer sa raison d’être.
Avec le soutien du | With the support of :
Fonds de Dotation Denise et Yona Friedman, CNEAI
Réalisé par :
Nader Seraj