Eté 2022 / Curatrice : Devrim Bayar

Pour sa 3ème édition, la Biennale de Genève – Sculpture Garden met à l’honneur des artistes contemporain.e.x.s qui repensent nos rapports aux autres et à nous-mêmes dans un environnement de plus en plus instable. Plus d’une trentaine d’artistes originaires du Brésil, d’Allemagne, du Koweït, des États-Unis, de Belgique, du Sénégal ou du Mexique, parmi d’autres pays, ont été réuni.e.x.s autour de 26 projets dont plus de la moitié sont des nouvelles productions conçues spécialement pour l’exposition. Cette dernière a été développée durant une période particulièrement troublée et elle reflète sans aucun doute les préoccupations et l’engagement des artistes vis-à-vis du monde dans lequel nous vivons. L’écologie, les nouvelles technologies, les identités culturelles ou de genre, l’échange de savoirs, sont autant de sujets soulevés par leurs œuvres et qui nous ramènent sans cesse à la question essentielle et à jamais irrésolue : comment vivre ensemble ? Depuis deux ans la pandémie a profondément affecté nos manières de vivre et délité nos contacts physiques pour laisser une place vertigineuse aux rapports virtuels. Bien qu’il nous ait atomisé.e.x.s, le virus, inoculant une personne après l’autre, a paradoxalement prouvé que nous sommes une communauté connectée à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, une guerre aux frontières de l’Europe nous rappelle tragiquement l’interdépendance de nos sociétés dont les tractations économiques, politiques et militaires impactent directement nos vies. Sur ce fond de crise perpétuelle, de larges mouvements pour plus de justice sociale et environnementale se mobilisent à l’échelle mondiale et parviennent à faire valoir d’autres manières de vivre ensemble. Ces remises en question des discours dominants et les reconfigurations du corps social qui en découlent sont des enjeux majeurs de la culture contemporaine au sein de laquelle le numérique a pris une place prépondérante. Les parcs La Grange et des Eaux-Vives et la plage qui leur fait face offrent des lieux de rencontre et de partage privilégiés : retrouvailles en famille ou entre ami.e.x.s, rendez-vous sportifs ou amoureux, reconnexion avec la nature ou avec soi-même, fêtes ou excursions scolaires en sont autant de déclinaisons. Au-delà de leur caractère récréatif, ces espaces de partage sont avant tout des espaces partagés, où s’articulent non seulement les affinités mais aussi les disparités et les divergences. Les artistes invité.e.x.s à exposer dans ces contextes spécifiques des parcs et de la plage investiguent les tensions inhérentes à l’espace public mais aussi leurs potentiels d’émancipation. La variété de leurs propositions, qui débordent du domaine strict de la sculpture pour investir ceux du design, de l’architecture, de la vidéo, de la photographie, de l’écriture, etc., témoigne de la façon dont l’art se réinvente constamment à l’aune des défis contemporains.

A propos

Ana Alenso

(*1982, VE)
Liquid Agreements et Oil Interventions, 2019-2022
Tuyaux, acier inoxydable, pièces d’échafaudage, pompes à eau
Dimensions variables

Le travail artistique d’Ana Alenso explore la dépendance mondiale vis-à-vis des ressources naturelles et l’exploitation politique, sociale et économique qui en découle. L’artiste examine souvent des cas concrets tels que l’industrie pétrolière internationale ou l’extraction de l’or en Amérique latine, et les conséquences de telles exploitations pour la nature et l’humanité. Le point de départ de l’installation off-shore présentée ici est une vision dystopique dans laquelle des éléments représentatifs de l’extraction et de l’industrialisation des ressources naturelles sont reconfigurés sous forme d’une installation sculpturale qui vise à reconnaître la nature anthropocentrique et cyclique des pratiques extractives.

Nouvelles productions

Céline Condorelli

(*1974, FR)
Ouah Wau (to Donna Haraway), 2022
Acier inoxydable peint
800 × 390 cm

Céline Condorelli développe depuis plusieurs années une réflexion autour de la notion de soutien. Elle s’attache tout particulièrement aux structures occupant les espaces publics, à celles qui permettent d’intégrer la culture dans le quotidien, celles soutenant des œuvres ou les corps des personnes venues leur rendre visite. Pour Sculpture Garden, elle crée une structure de soutien pour un arbre qui s’affaisse. Les formes graphiques en bas de la sculpture servent de jeux ou d’exercices pour les chiens qui peuvent courir librement dans cette partie du parc. Ouah Wau (to Donna Haraway) crée ainsi un trait d’union entre les arbres et les animaux comme des « espèces compagnes » pour reprendre la terminologie de Donna Haraway. Sous une apparence ludique, Céline Condorelli interroge la hiérarchie établie entre diverses espèces pour revaloriser leur interdépendance fondamentale.

Avec le soutien de Galeria Vera Cortês

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Zuzanna Czebatul

(*1986, PL)
Macromolecule Exploiting Some Biological Target, 2022
PVC
300 × 300 × 150 cm

Zuzanna Czebatul s’inspire des liens entre pop culture, liberté individuelle et idéologies sociales. L’artiste a conçu une tablette d’ecstasy géante, avec les mots « Rush » et « Revolution » estampés sur chaque face. Cette sculpture hyperréaliste et remplie d’air fonctionne comme un monument humoristique de la culture rave, en particulier celle des années 1980 et 1990. Portée par une génération qui avait déjà été habituée par l’industrie pharmaceutique aux drogues dites de lifestyle, l’ecstasy, drogue empathogène produite de manière synthétique, devient alors particulièrement populaire. L’euphorie qui rassemble les ravers sur la piste de danse est l’expression de leur mode de vie anticonformiste et du club comme lieu d’utopie sociale vécue. 

Avec le soutien de Sans titre (2016)

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Liz Deschenes

(*1966, US)
Blue Wool Scale, 2022
Impressions UV, acier inoxydable
496 × 153 × 25 cm

Depuis une vingtaine d’années, Liz Deschenes crée des œuvres photographiques hybrides, explorant la relation entre les processus matériels par lesquels les images sont produites, les manières de voir, l’histoire du médium et les structures de présentation, comme un contrepoint critique à un monde inondé de médias. Pour Sculpture Garden, l’artiste présente une « échelle » monumentale de teintes de bleu issues de la conservation des œuvres d’art, domaine dans lequel elles sont utilisées comme normes standard pour évaluer la résistance à la lumière et alerter les conservateur.rice.x.s afin de faire éventuellement retirer certaines œuvres d’une exposition ou réduire l’intensité de l’éclairage. On ne trouverait pas ces cartes destinées à la conservation dans un jardin de sculptures, car elles sont conçues pour être utilisées en intérieur, où elles sont également cachées des spectateur.rice.x.s, ce qui leur permet de résister aux éléments. Les impressions de Blue Wool Scale utilisent une technologie d’impression photographique UV dont la résistance à la lumière est encore en cours de détermination. Ces tirages sont ici « testés » par le vent, le soleil et la pluie, dans une réinterprétation extrême de leur fonction initiale. 

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Koenraad Dedobbeleer

(*1975, BE)
All Music Is There For Bastardisation
Fer forgé, laiton et peinture
220 × 110 × 5 cm

Koenraad Dedobbeleer explore la sculpture, le design, l’architecture et les dispositifs de présentation, en se penchant sur la manière dont la valeur est attribuée à certains matériaux et pratiques. Pour Sculpture Garden, l’artiste remplace une porte de service qui relie (ou sépare) le Parc La Grange de celui des Eaux-Vives par une nouvelle grille faite sur mesure dans laquelle le sigle de l’esperluette apparaît comme motif central. Cet élément à la fois fonctionnel et ornemental vient s’insérer dans l’architecture même de l’espace d’exposition dont l’artiste déjoue les codes. 

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David Douard

(*1983, FR)
Melody (SG), 2022
Sérigraphie, aluminium, métal, plexiglas, verre, bronze, peinture
340 × 250 × 200 cm

S’inspirant du mobilier urbain et des espaces collectifs que sont les abribus où des inconnu.e.x.s se rassemblent le temps d’un instant, David Douard crée une structure hybride qui échappe à la fonctionnalité. Si le dispositif en verre et en métal évoque une certaine rigidité voire l’autorité qui régit l’espace public, les images et textes trouvés sur Internet qui y sont sérigraphiés provoquent un sentiment d’intimité et d’introspection qui perturbe le système. L’environnement apparaît contaminé par le fantasme et les technologies numériques. Le motif du chardon récurrent dans le travail de l’artiste et qui incarne les contraires – à la fois fleur et mauvaise herbe, décoratif et blessant – rappelle avant tout la force de résilience de la nature mais aussi celle des communautés alternatives. La nuit, la pièce s’éclaire comme une veilleuse réconfortante pour les flâneur.euse.x.s nocturnes.

Avec le soutien de la Commune de Plan-les-Ouates 

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Jos de Gruyter & Harald Thys

(*1965 & 1966, BE)
A.M.M.S.A.303, 2022
Acier laqué et feux clignotants
314 × 80 × 85cm chacun

Jos de Gruyter et Harald Thys travaillent ensemble depuis les années 80 et réalisent des vidéos, des photographies, des sculptures et des dessins, toujours imprégnés d’une forte sensibilité tragi-comique. Leur univers est peuplé de personnages marginaux, socialement handicapés ou psychotiques. Pour Sculpture Garden, le duo propose une nouvelle sculpture monumentale basée sur leurs « White Elements », des personnages monolithiques qui déjouent les monuments héroïco-réalistes et dont les visages reprennent ici le logo de la crypto-monnaie Ethereum. Les lumières stroboscopiques montées au sommet de leur tête sont fabriquées par Boeing et indiquent leur existence et leur position exacte dans le parc. Selon la météo, l’A.M.M.S.A.303 devrait être visible depuis l’autre côté du lac Léman.

Avec le soutien de la Galerie DuflonRacz

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Gabriel Kuri

(*1970, MX)
Fountain, 2022
Acier inoxydable, eau, système de pompe et médias mixtes
250 × 120 × 120 cm

Fountain est une sculpture extérieure inspirée des toilettes publiques de haute technologie. Située dans une zone très fréquentée, ainsi qu’à proximité directe des rives du lac Léman, Fountain invite à activer sa forme subtilement changeante en appuyant sur un bouton, faisant jaillir brièvement de l’eau sur sa surface aseptique en acier inoxydable. Bien qu’elle soit
placée dans une zone de transit, elle conçoit son adresse dans l’intimité, une personne à la
fois. Fountain est un circuit fonctionnel, ainsi qu’un circuit de formes uniques dans lequel la
concavité d’un corps en acier inoxydable sert de moule à la forme changeante de l’eau qui coule.

Avec le soutien de Fundación Almine y Bernard Ruiz-Picasso para el Art

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Daniel Lie

(*1988, BR/ID)
Them, 2022
Corde naturelle, céramique, tissu de coton, curcuma
Dimensions variables

Dans la pratique artistique de Daniel Lie, le temps et les écosystèmes jouent un rôle essentiel. L’artiste crée des installations dans lesquelles des éléments organiques vivants se transforment, réalisant ainsi leur propre temporalité et leurs propres intentions. Pour Sculpture Garden, Lie crée une installation in situ suspendue à des séquoias monumentaux. L’artiste aborde ces êtres autres qu’humains, âgés de plus de deux siècles, avec respect et s’inspire de leur disposition en arc de cercle, aménageant une forme de sanctuaire dans lequel les visiteur.euse.x.s sont invité.e.x.s à se recueillir un instant. Comme l’indique son titre Them, l’installation flottant librement perturbe les structures de la pensée binaire, telles que passé et présent, humain et non-humain, exposition et introspection. 

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Lucy McKenzie

(*1977, UK)
Anonymous Statue, 2022
Bronze et pierre bleue
Bronze : 180 × 80 × 50 cm
Socle : 120 × 80 × 120 cm

Bronze réalisé par Kunstgieterij Van Geert, Aalst
Socle par Natuursteen, Aalst

Anonymous Statue examine le lien entre les statues publiques et les mannequins de fabrication commerciale utilisés dans l’univers de la vente au détail. Les deux sont façonnés par les conditions de leur époque, l’un en étant ancré dans la pratique historique de la commémoration de personnages pour la postérité, l’autre à travers les opérations de l’hyper-capitalisme en réponse aux exigences sans cesse changeantes de l’industrie de la mode. Les deux sont des dispositifs pour élever, incarner et conférer du prestige, et tous deux revendiquent une fausse neutralité. Les premiers mannequins populaires étaient fragiles, en cire ou en plâtre, mais à l’heure actuelle leurs membres en fibre de verre remplissent les décharges. Le prototype de Anonymous Statue a été acheté dans un entrepôt de mannequins d’occasion. Il est désormais rendu encore plus indestructible en étant coulé en bronze et est placé sur un haut piédestal de pierre dans une partie isolée du Parc des Eaux-Vives. Même en tant que statue, il reste un récipient vide, attendant qu’un sens lui soit imposé.

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Willem Oorebeek

 (*1953, NL)
Getting The Books Out, 2022
Impression digitale sur forex, aluminium
180 × 140 cm chacun

Travaillant principalement avec des techniques d’impression et l’appropriation d’images et de textes existants, Willem Oorebeek interroge la représentation et le fonctionnement de la perception à l’ère de la surabondance des images et du tout-spectacle. L’installation portant le titre Getting The Books Out se compose de quatre livres agrandis à taille humaine. Trois des quatre sont basés sur des publications existantes de l’artiste tandis que le dernier est un projet en cours. Dans la lignée de l’idée de « sculpture sociale », Willem Oorebeek redéfinit avec ses quatre livres monumentaux l’espace comme lieu discursif.

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Ceylan Öztrük

 (*1984, TR)
Ripple Effect; Nazar Module, 2021-2022
Acier inoxydabe
Dimensions variables

Ceylan Öztrük étudie les aspects normatifs de la production de connaissances. À travers son travail artistique multidisciplinaire, elle crée une narration à partir d’informations spécifiques qui transforment le savoir en outils de pouvoir. Pour Sculpture Garden, elle présente une installation composée de miroirs découpés en forme d’ondulations qui flottent à la surface des bassins de la roseraie du Parc La Grange. En sociologie, on observe ce que l’on appelle « l’effet d’entraînement » lorsque des interactions sociales affectent des situations qui ne sont pas directement liées à l’interaction initiale. Dans Ripple Effect; Nazar Module, Ceylan Öztrük incarne et réifie l’image de l’effet d’entraînement sous forme d’une sculpture qui s’étend sur l’eau.

Avec le soutien de SAHA

Nouvelles productions

Mathias Pfund

(*1992, CH)
Cæsarina, 2022
Acier, argent et bronze thermolaqués, socle en béton
156 × 90 × 50 cm

La pratique artistique de Mathias Pfund compose des fictions et recourt à diverses stratégies d’appropriation. Par la reproduction, il s’intéresse notamment à la représentation de l’art et aux diverses valeurs et idéologies qui le sous-tendent. Cæsarina est un trône dédié à « César », sa grand-mère d’origine italienne, voisine de la Villa La Grange depuis plus de 50 ans. Il s’agit d’une chaise curule hybridée avec une couronne de laurier, charriant diverses symboliques : celles du pouvoir (patriarcal) dans la Rome antique, de l’Imperator victorieux chez les Romains ou des poètes chez les Grecs. En outre, l’assise est ornée de trois médailles explorant chacune, sur un mode indiciel, diverses narrations en lien avec une antiquité européenne spécieuse. Parodie d’un langage autoritaire, l’œuvre reste néanmoins un élément de mobilier urbain, permettant à quiconque de s’y asseoir. Pour plus d’informations, un cartel développé est disponible à l’adresse 57 route de Frontenex.

Réalisée avec le concours de Robin Gabriel (Serruriers Noirs), David Chojnacki (SwissArt Edition Genève), Hugo Milan, Marc Calame (form|c
Avec le soutien de FCAC Genève

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Douglas Abdell

(*1947, US)
Kraeff-Aekyad, 1981
Acier soudé peint en noir
360 × 172 × 50 cm

Né à Boston d’une mère italienne et d’un père libanais, Douglas Abdell réalise des œuvres marquées par l’écriture et les signes graphiques. Son travail explore le lien profond entre les mots, les images, le son et la forme. L’artiste estime que ce lien a été particulièrement étroit et significatif dans les langues parlées dans les pays d’origine de sa famille : l’italien, l’arabe et autrefois le phénicien. Ces investigations archéologiques et langagières ont amené Abdell à développer son concept d’« Aekyad » : une série de formes combinatoires et rhizomiques que l’artiste coule en bronze patiné et en acier soudé peint en noir. à la croisée du minimalisme et du néo-expressionisme, ces sculptures trouveront notamment un écho sur la scène artistique new-yorkaise à la fin des années 1970, durant la période faste qui a vu l’émergence du street art, des block-parties et de la scène hip-hop.

En collaboration avec MAMCO Genève

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Sophia Al-Maria

(*1983, QA/US)
taraxos, 2021
Acier, cuivre, bois, titane, béton et peinture pigmentaire réfléchissante

taraxos prend la forme d’une constellation de tiges qui peuvent être jouées par le vent ou par les visiteur.euse.x.s. La sculpture s’inspire des qualités de résilience du pissenlit (taraxacum officianale). En se concentrant sur la capacité du pissenlit à prospérer dans des endroits peu hospitaliers, Sophia Al-Maria propose la plante sauvage comme modèle de liberté, de résistance et de compréhension pour le monde d’aujourd’hui. taraxos est un lieu de méditation où chacun.e.x peut ralentir le temps pour soi-même et pour écouter. Jouée par le vent, la sculpture peut également être activée en touchant les tiges recouvertes de cuivre, un matériau sélectionné pour ses qualités antimicrobiennes. Le nœud central de taraxos est un morceau de titane récupéré d’un avion. Ce matériau à la fois durable et léger, idéal pour les voyages aériens et spatiaux, reflète la fragilité apparente de la graine de pissenlit en suspension dans l’air. En relation avec la sculpture, un programme de performances et un podcast prolongent l’œuvre comme une sorte de pollinisation.

Podcast: tarax.live

Serpentine × Modern Forms Sculpture Commission

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Sammy Baloji

(*1978, DRC)
… and to those North Sea waves whispering sunken stories, 2020
Terrarium et plantes exotiques
225 × 230 × 130 cm

La forme du terrarium monumental de Sammy Baloji s’inspire de dessins scientifiques de minéraux, réalisés dans le but d’en cartographier l’exploitation au Congo. L’artiste fait également référence à la caisse de Ward, une serre portable qui servait à transporter les plantes exotiques en mer. Cet export de masse mondial de plantes combiné avec l’extraction des minerais dans les colonies a créé de nouvelles économies et a modifié les écosystèmes naturels et culturels, un processus de déracinement et de sujétion qui a contribué à la crise climatique actuelle. En ce sens, l’œuvre dévoile les traces d’un moment déterminant du passé colonial qui trouve encore une résonance aujourd’hui.

Beaufort 2021 Commission 

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Nina Beier

(*1975, DK)
Guardian, 2018
Lions en marbre, savon, poils de barbe
Dimensions variables

Nina Beier explore les archétypes culturels pour identifier des objets riches en histoires et sujets à des mutations dans leur intention, leur production, leur distribution, leur commercialisation ou leur usage. En ce sens, les objets qui représentent des systèmes qui se sont effondrés sont plus faciles à déployer. Ils captent des intentions contradictoires et exposent la nature paradoxale et changeante de la notion de valeur. Pour Sculpture Garden, Nina Beier se réfère aux deux lions, symboles de force et de pouvoir, qui  ornent l’entrée principale du Parc La Grange et prolonge sa série d’installations in situ composées de lions en marbre qu’elle customise de manière inattendue et relâche dans la nature. 

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Meriem Bennani

(*1988, MA)
Ghariba (Double Bench), 2017-2022
Installation vidéo sculpturale avec moniteur extérieur
6180 × 1360 × 1200 cm

Les œuvres souvent immersives de Meriem Bennani associent, avec humour et fantaisie, les questions de genre et des identités fracturées à la domination omniprésente des technologies numériques. Son installation vidéo sculpturale permet autant de bronzer que de voir le film Ghariba (qui signifie « étranger » ou « étrange » en arabe), qui révèle un portrait ludique et émouvant de quelques femmes de la famille de l’artiste au Maroc. Évoquant autant la télé-réalité que la vidéo familiale, son langage visuel est à la fois intime et fantaisiste, les manipulations numériques de la réalisatrice déjouant notre rapport avec les membres de sa famille. Les femmes de Bennani discutent d’amour et de romance, de rencontres et d’amitié, de solitude et de communauté, le tout face à la terreur du vieillissement. 

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Charlotte vander Borght

(*1988, BE)
MASS II, 2020
170 × 119 × 60 cm
Collection Tanguy & Bieke Van Quickenborne

MASS III, 2020
235.5 × 63 × 103 cm
Collection Luc & Carine Haenen-Van Aelst

MASS VI, 2022
175 × 236 × 60 cm

MASS VIII, 2022
175 × 189 × 60 cm

MASS IX, 2022
175 × 104 × 20 cm

Aluminium peint et acier

Puisant dans l’histoire du design, de la peinture ou de l’architecture, Charlotte vander Borght réinterprète constamment la notion de production industrielle, tant du point de vue des formes que de celui des matériaux. Sensible à l’accélération des flux et à l’obsolescence programmée, elle entend fixer une attention nouvelle sur « l’objet de tous les jours ». La série intitulée MASS rassemble des sculptures physiquement imposantes et pourtant légères dans leur matérialité. Celles-ci sont réalisées à partir de panneaux de dibond produits dans les années 70, et récupérés d’une façade d’un immeuble moderniste parisien. Charlotte vander Borght a refaçonné et peint ces matériaux industriels afin d’invoquer leur charge émotionnelle comme une mémoire affective et collective ancrée dans la matière, oscillant entre abstraction et figuration.

Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles

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Elif Erkan

(*1986, TR)
Where You They Form, 2020
Béton, caoutchouc naturel, polystyrène expansé recouverts de terres d’Autriche, d’Allemagne, de Russie, de Turquie et de France

Pour Sculpture Garden, Elif Erkan crée une installation dans laquelle les notions d’origine et de territorialité et leurs répercussions socio-politiques sont abordées dans un ensemble de sculptures en forme de menhirs recouverts de terres issues de différents pays acteurs des protocoles de Genève. Les menhirs sont de simples formations rocheuses qui sont souvent considérées comme des sculptures de l’âge de pierre. Les fouilles archéologiques autour de ceux-ci ont non seulement suscité une fascination technique, mais également transformé leurs sites en monuments touristiques et en points de repère du progrès humain et culturel. Dans l’installation Where You They Form, à travers les formes faisant allusion aux menhirs et à l’utilisation du sol comme matériau de revêtement, Erkan explore les récits qui affirment que l’histoire est toujours spéculée à partir du sol.

Avec le soutien de  SAHA

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Alia Farid

(*1985, KW)
In Lieu of What Is, 2022
Fibre de verre et résine polyester
Dimensions variables

In Lieu of What Is est une installation monumentale de cinq récipients plus grands que nature utilisés pour stocker et transporter l’eau – une lota globulaire, un jerrican, une cruche avec un petit couvercle, une bouteille d’eau en plastique PET désormais omniprésente, et un pichet. Les versions d’Alia Farid sont énormes mais creuses et légères, moulées en fibre de verre laquée, colorées comme le sable du désert et fabriquées selon la même méthode que les boîtiers décoratifs des fontaines à eau publiques qui sont devenues un élément distinctif du paysage urbain dans le golfe Persique d’où l’artiste est originaire. Au cours des dernières années, Farid a travaillé avec des producteurs commerciaux de fontaines pour développer ces sculptures (parfois en coulant des copies à partir de moules existants, parfois en créant ses propres formes), afin d’entrelacer une tradition séculaire de fontaines publiques avec la réalité du dessalement de l’eau dans la région du Golfe – le manque d’eau douce disponible étant une conséquence écologique des politiques gouvernementales et des industries qui ont donné la priorité à l’extraction du pétrole.

Co-production avec Kunsthalle Basel
Avec le soutien de Commune de Cologny

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Manfred Pernice

(*1963, DE)
Antenne Brandenburg, 2021
Métal, plastique, béton
237, Ø 114 cm

Depuis les années 1990, Manfred Pernice développe un travail de sculptures et d’installations souvent basé sur des formes fonctionnelles et « modernes », construit avec des matériaux pauvres combinés à des objets trouvés et des textes, dessins, photographies, souvent de nature biographique ou liés à un contexte historique. Le familier dans l’œuvre de Pernice émerge de moments de résidus fonctionnels, de ruines ou de souvenirs. Pour Sculpture Garden, Manfred Pernice présente une œuvre qui ressemble à une antenne à laquelle il donne le nom d’une station radio allemande. Cette pièce fait partie d’un ensemble qui réfléchit au potentiel de communication des formes sculpturales.

Œuvres existantes

Bojan Šarčević

(*1974, FR)
New Emotional Style, 2020
Bloc de marbre, machine à glaçons, glace, système de son, marbre sculpté, calcaire, bois de bouleau
179 × 81 × 169 cm

New Emotional Style est un bloc de marbre, marqué de coupes géométriques, sur lequel est posée une machine à glaçon en état de marche et une effigie humanoïde taillée en marbre vert. A intervalles, un bourdonnement sonore est émis depuis la pièce. La sculpture s’apparente à des reliques d’un futur dans lequel les machines et les corps telluriques communient dans l’intimité.

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Erika Verzutti

(*1971, BR)
Venus of Cream, 2020
Bronze
210 × 79 cm

L’artiste brésilienne Erika Verzutti est internationalement reconnue pour son travail sur le vivant. Travaillant avec divers matériaux, tels que le papier mâché, le béton, le bronze et le moulage d’éléments naturels et de fruits imaginaires qu’elle moule dans l’argile, l’artiste explore le rôle des ready-mades naturels en sculpture. L’univers de Verzutti s’apparente à un bestiaire et à une flore tropicale où s’entremêlent toutes sortes de formes organiques : animaux, fruits, totems… le plus souvent empreints d’une charge érotique. Pour Sculpture Garden, elle présente l’une de ses Vénus inversées, comme un hommage à la sensualité et à la fertilité, sous la forme d’un fruit tropical aux multiples seins.

Œuvres existantes Œuvres existantes

vorstellen.network

Feuilles Volantes

Feuilles Volantes forment un journal imprimé en risographie. Au cours de la Biennale, huit pages sont publiées à une fréquence d’une toutes les deux semaines. Ces Feuilles Volantes sont distribuées selon le calendrier désigné, dans les parcs et sur la plage grâce à un vélo-cargo. Le contenu de chaque publication est directement issu de la plateforme en ligne vorstellen.network qui permet aux artistes de mettre en relation des contenus, sur la base d’un modèle open-source inspiré par Wikipedia. Derrière cette perspective se cache une idée de l’art comme conversation, à laquelle est donnée la forme temporaire d’un journal dans
le cadre de la Biennale.

Calendrier de distribution, un samedi sur deux :

11.06, 25.06, 9.07, 23.07, 6.08, 20.08, 3.09, 17.09

Dispositif mobile de 14h à 16h et point de rencontre fixe de 16h à 16h30 (No. 25, voir plan).

Contenu: Operators/vorstellen.network
Direction artistique: Axelle Stiefel
Collaboratrice associée: Elisa Storelli
Développeur: Philipp Klein
Graphisme: Salome Schmuki
Impression: Matteo Dufour
Newsletter: Laura-Issé Tusevo
Accessoire: Benjamin Mengistu Navet
Concept: Elisa Storelli, Philipp Klein, Axelle Stiefel

Subventionné par la Ville de Genève
Avec le soutien de FCAC Genève, DCS et Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture

Projets spéciaux Projets spéciaux Projets spéciaux

Work.Master étudiants de la HEAD–Genève

Mbaye Diop (*1981, SN), Nicolas Ponce (*1998, CH), Alpha Sy (*1992, SN) and Yul Tomatala (*1993, CH) avec l’intervenante Sonia Kacem (*1985, CH/TN)
Rhodos_Azalées, NL, 2022
Acier inoxydable
500 × 150 cm 

Cette œuvre collective réalisée par un groupe d’étudiants du Work.Master de la HEAD – Genèveprend la forme d’une girouette. La sculpture est le résultat d’une recherche autour de différentes couches d’histoires et de récits liés au parc. Parmi ceux-ci, les étudiants ont retenu la collection de rhododendrons offerte en 1947 par les Pays-Bas, désireux d’exprimer leur reconnaissance à la Ville de Genève pour son aide humanitaire apportée durant la seconde guerre mondiale. À travers les années, ceux-ci ont fini par se fondre dans la végétation du parc et peu à peu disparaître. La partie haute de la girouette reproduit une carte d’archive qui indique l’emplacement original des rhododendrons. À défaut de pouvoir indiquer une direction lisible pour les promeneur.euse.x.s du parc, la girouette sculpturale fonctionne comme un point de repère qui indique la force invisible du vent. L’œuvre est présentée à l’emplacement habituel d’une sculpture mobile d’Alexandre Calder actuellement en restauration et donc également « disparue ».

Co-production avec HEAD – Genève

Projets spéciaux Projets spéciaux Projets spéciaux

Simon Berger, présenté par Bulgari (île Rousseau)

(*1976, CH)
Morphogenesis, 2022
Verre, silicone, étagère de transport, bandes en plastique
200 × 180 × 80 cm

L’artiste verrier contemporain Simon Berger parle un langage plastique singulier en explorant la profondeur de son matériau, le verre, qu’il martèle et fissure avec un marteau. La vitre devient le support d’une expansion réalisée par des impacts jouant avec la transparence. Plus les coups sont rapprochés et brefs, plus les contrastes et les nuances se renforcent. Dans ses mains, le marteau n’est pas un outil de destruction, mais plutôt un amplificateur d’effets. Berger a commencé ses explorations artistiques avec la bombe aérosol avant de se tourner vers d’autres supports. Charpentier de formation, son attirance naturelle pour le bois a inspiré ses premières créations d’art urbain. Amateur de mécanique, il a aussi passé beaucoup de temps à travailler sur des véhicules accidentés. C’est en réfléchissant à ce qu’il allait faire avec un pare-brise de voiture que son art est né. « Les visages humains m’ont toujours fasciné », explique Simon. « Sur du verre de sécurité, ces motifs semblent prendre vie et attirent les visiteurs comme par magie. Il s’agit d’une découverte, où la buée abstraite rejoint la perception figurative.

Projets spéciaux